Tu me slack?
Slack est la messagerie instantanée dont les 5 lettres claquent comme une belle promesse : ensemble nous travaillerons heureux et nous aurons beaucoup de projets. Vous pouvez remplacer Slack par tout autre messagerie instantanée ou capacité à joindre n’importe qui pour n’importe quoi.
La dernière équipe que j’ai crée, pour ThirdBrain SA, j’ai d’abord foncé sur slack car tout le monde sait que slack c’est super-cool et qu’en plus les bots permettent d’avoir tout un tas de goodies sympa (message du customer care en direct, nos trades – on fait de la finance hein -, les derniers bugs sympas ou même encore le site du client 23 qui s’effondre sous la charge).
J’ai foncé puis prenant ma carte de crédit en main, je me suis arrété.
Certes, il y a un prix, ok, mais ce n’est pas +que+ le prix qui m’a arrété.
Comme pour beaucoup de choses dans la vie, nous nous posons même plus la question du pourquoi : pourquoi manger 3 fois par jour ? (c’est une construction purement sociale, il n’y a rien de biologique…), pourquoi payer ses impôts (pour ne pas aller en taule ?), pourquoi, pourquoi…
Et là “mon pourquoi” n’est pas devenu si évident que ça.
Pourquoi ai-je besoin de slack alors que nous sommes tous en télé-travail ?
Réponse de madame michu qui se loge toujours sous la partie reptilienne de mon cerveau atrophié : ben pour pouvoir contacter tout le monde “tout le temps”.
Yeahhhh…contactez tout le monde “tout le temps”.
Je me suis souvenu alors de l’effet de Slack quand on est salarié avec des managers qui s’emmerdent un peu (non je plaisante – beaucoup -).. des messages courts, très courts genre “he la prez pour la conf-call, tu me l’envoies tout de suite ? ” (alors qu’on sort d’une séance où le même primate m’avait donné 2 jours pour la pondre. cot .cot).
Je me suis souvenu des blagues débiles de l’équipe de support avec des GIFs animés tout aussi débile qu’on s’évertue à liker avec des émojis qu’on n’arrive jamais à trouver. Genre on va vexer le type si il n’y a pas de réponse à son GIF de tarte fondue qui fait du jet-ski.
Et là je me dis…ces pauvres humains que je viens d’engager, vais-je leur infliger cela au nom d’une productivité qui est très loin d’être démontrée ?
Là le doute avait vraiment mûri et je me suis centré sur moi : je suis développeur, est ce que j’aime quand on me coupe toutes les 15 minutes pour une remarque, une question….?
Non.
Je sais que la simple petite coupure me fait perdre en moyenne 30 minutes au mieux, 1 heure au pire car il me faut sortir puis re-entrer et en plus cela se termine par la machine à café une fois sur deux après.
Et là, j’ai définitivement rangé ma carte de crédit. Non les équipes ThirdBrain n’auront pas de slacks….et depuis 9 mois maintenant je n’ai rien à redire sur la productivité. Aucune urgence n’a été “manquée”.
Posez-vous la question du “Pourquoi” avant chaque action, même la plus évidente. Il n’y a aucune évidence à mettre en place des messageries instantanées pour des équipes qui travaillent sur des projets qui ont un terme qui dépasse la journée.